SOS Médias instrumentalisés !

Publié le par horizonmediatique

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Aujourd’hui les informations circulent de plus en plus vite et la communication est indispensable pour toutes les personnes ou organisations en recherche de visibilité. Et cette semaine l’actualité américaine a été marquée par plusieurs détournements de l’outil journalistique. Entre instrumentalisations et buzzs bien calculés certains journalistes se font avoir… mais d’autres résistent.
               
Ce Vendredi aux Etats-Unis a été marqué par un évènement très médiatique : l’arrestation de George Clooney.

 
 
Grâce à plusieurs membres de son association l’interpellation a été suivie en direct sur Twitter et les images de CNN étaient disponibles sur Youtube moins de 20 minutes après les faits.
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Les manifestants se tenaient alors devant l’ambassade du Soudan. L’acteur est connu depuis plusieurs années pour son militantisme. Mais ce qui est intéressant c’est la volonté marquée de l’acteur et des personnes qui l’accompagnaient de vouloir être arrêté. Une de ces déclarations a d’ailleurs été : « j’espère pouvoir attirer l’attention du président et du congrès sur la situation là-bas (au Sud Soudan). » L’arrestation s’est déroulée en douceur. Aucune violence et sous le regard attentif des caméras. Bref chacun joue son rôle à la perfection. Et les médias se font instrumentaliser sans broncher. Il faut dire que pour la plupart d’entre eux la photo de George Clooney menotté et embarqué dans un Van de la Police c’est l’occasion rêvé de faire un buzz. Mais personne ne pose la question de la pertinence de l’utilisation des caméras par l’acteur. Personne en pose la question du chamboulement dans la hiérarchie de l’information que cette arrestation a provoqué. L’actualité aux USA est pourtant assez riche avec une montée du chômage, les primaires Républicaines et la situation très tendu en Afghanistan. Autant de sujets qui sont reconnues pour être la véritable priorité des Américains. Et pourtant, le temps d’une matinée, et pour combler le droit au direct cette information, certes spectaculaires et pourtant secondaires va faire la Une des sites internet des journaux.
                Cet épisode pose la question de l’actualité auto réalisatrice. Ces évènements créés uniquement à l’attention des médias. A défaut d’avoir une actualité brûlante, et parfois en peine de visibilité, certaines personnes vont organiser un buzz avec l’idée d’attirer l’attention des journalistes. La facilité de diffusion et le bouche à oreille fera le reste. Et si beaucoup de médias commencent de parler d’un évènement alors les autres suivront. Personne ne veut rester sur la touche. Certains exemples de ces gens qui se mettent en scène pour attirer l’attention sont parfois extrêmes. On a ainsi vu des gens s’immoler par le feu pour faire entendre leur cause. Le plus connu des cas récents est arrivé en Tunisie et c’est aussi l’évènement qui a déclenché la révolution dans le pays. Aux USA, on n’en est pas encore là mais nombreuses sont les associations qui maîtrisent l’art du buzz. Les journalistes doivent ils se laisser guider par l’actualité au risque d’être utilisé. Le site journalism.org tente de répondre à cette question en diffusant les principes que les journalistes américains devraient suivre. Le point numéro 7 est d’ailleurs très explicite : “Journalists must continually ask what information has most value to citizens and what form. “ Les journalistes doivent donc toujours se demander ce qui est important pour les citoyens. Bref céder aux sirènes du buzz n’est autorisé que si l’information est réellement importante ; dans le cas de Clooney ce n’est pas le fait que l’information soit relayée qui est gênante. C’est la place qui lui est accordée. Des évènements autrement plus tragiques ne bénéficieront que de quelques ligne tout au plus. D’ailleurs on remarquera que l’arrestation n’a pas provoqué une vague de reportage sur la situation au sud-soudan. Donc si le buzz a permis de faire briller l’acteur il n’a sûrement pas résolu le problème du blocage de l’aide alimentaire en Afrique.
                Autre fait marquant cette semaine a été la diffusion de documentaires sur des hommes politiques. Peu se sont fait l’écho sur le caractère très peu journalistique de ce qui est faussement présenté comme un travail d’information. En réalité il ne s’agit ni plus ni moins que de documents de propagande à la gloire des responsables politiques. La mise en scène est toujours impeccable et les bandes annonces donnent envie.

 
 Heureusement certains journalistes ont été assez vigilent pour mettre les réalisateurs sur le grill. On peut voir ici l’interview assez musclé de Davis Guggenheim par Piers Morgan sur CNN. Le réalisateur d’un documentaire sur Obama n’est pas capable de trouver un seul défaut au président des Etats-Unis. Il est évident que les républicains pourraient lui souffler quelques réponses si ils n’étaient pas trop occupés à faire la même chose de leurs côté. Car cette communication politique très bien en place de ce côté-ci de l’atlantique n’en demeure pas moins très dérangeante dans le mélange des genre et la grossièreté manichéenne des films qui en découlent. Le rôle des journalistes se bornent ils à ne pas faire la promotion de ces films ? ou doivent-ils aller plus loin en dénonçant ce qui n’est qu’un travail de communication mais nullement d’information neutre et objectif. D’autant que le point numéro 6 de la déclaration d’éthique des journalistes précisent bien que « les informations doivent toujours proposées plusieurs point de vue situé dans un contexte bien défini. »
 
Au centre de toutes les attentions de par leurs pouvoirs de diffusion, les médias peuvent donc être facilement instrumentaliser. Aux USA, les principaux acteurs maitrisent déjà parfaitement les nouvelles technologies et ont compris l’intérêt qu’ils peuvent en tirer. La charte des journalistes américains existent pour ne pas tomber dans les pièges. Encore faut-il ne pas l’oublier.  
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